Pourquoi le livre al-Fiqh al-Akbar de Abou Hanifah ne pourra jamais servir de preuve aux anthropomorphistes

Ceci est un article de réfutation contre ceux qui pensaient avoir trouvé dans al-Fiqh al-Akbar une preuve pour leur mauvaise croyance

Dans le traité de Abou Hanifah,  « al-Fiqh al-Akbar » (que vous pouvez trouver en entier ici),  il y a la phrase suivante :

Ce que Allah ta’ala a mentionné dans le Qour’an en citant al-yad, al-wajh, et an-nafs, sont Ses attributs sans comment. Et on ne dit pas que Son yad est Sa puissance ou Sa grâce car cela constituerait un reniement de l’attribut, et ceci est la parole des Qadariyya et des Mou’tazila, mais Son yad est Son attribut sans comment, et Son ghadab et Son rida sont deux de Ses attributs sans comment (pour la page en arabe cliquez ici).

Nous aimerions rassurer les Sunnites au sujet du fait que cette phrase ne contredit pas du tout le  fait qu’il est permis d’interpréter les versets non explicites du Qour’an. Au contraire l’imam Abou Hanifah n’a fait que suivre la voie du Salaf concernant l’interprétation des versets non-explicites comme expliquée par l’imam an-Nawawi et d’autres. Nous aimerions rappeler quelques points utiles:

  1. L’imam Abou Hanifah faisait partie des savants du Salaf, et les savants du Salaf n’avaient pas pour habitude d’interpréter de manière détaillée, donc il n’y a rien d’étonnant au fait que Abou Hanifa fasse figurer dans son traité une phrase  qui décourage de détailler le sens d’un des attributs de Allah mentionnés dans le Qour’an, tout en sachant qu’il ne prend pas le sens apparent de ce mot! C’est là que les anthropomorphistes se retrouvent sans issue, car l’imam Abou Hanifah n’a JAMAIS dit, contrairement à ce qu’ils aimeraient, qu’il faut prendre le mot yad « selon son sens apparent » (‘ala dhahiriha ) ou « selon sa réalité » (haqiqiyyatan) et autres phrases qu’ils ajoutent aux textes révélés! Les Sunnites n’ont aucun problème avec le fait de ne pas vouloir donner de sens précis à une expression non-explicite au sujet de Dieu, tant que la personne sait que ce n’est pas le sens apparent qui est visé, et c’est exactement ce quel’imam Abou Hanifah fait.  N’oubliez pas que les savants du Salaf dans leur majorité préféraient ne pas interpréter de manière détaillée sans nécessité, mais ils interprétaient quand même de manière générale(c’est-à-dire en rejetant le sens apparent de l’organe, mais sans préciser de sens), et dans certaines occasions où ils jugeaient cela nécessaire, ils interprétaient de manière détaillée (c’est-à-dire toujours en rejetant le sens apparent, mais en choisissant des sens précis parmi les sens possibles). (pour les preuves de cela voir ci-dessous paragraphe « Preuves »).
  2. L’imam Abou Hanifah a exclu le sens apparent de yad, et ceci se voit très clairement parce qu’il dit deux fois que c’est un attribut « SANS COMMENT » (bilaa kayf en arabe). NOTEZ BIEN QU’IL N’A PAS DIT « ON NE SAIT PAS COMMENT », il a dit que le yad de Allah est SANS COMMENT c’est-à-dire que ce n’est pas l’organe « main ». Quand l’imam Abou Hanifah dit qu' »il faut croire en l’attribut yad sans comment » ça veut dire « croire en le yad, sans croire que c’est une main ». Yad a énormément de sens dans la langue arabe.
  3. L’imam  Abou Hanifah dit bien dans la même phrase que la raison pour laquelle il ne veut pas dire que yad signifie qoudra (puissance) est parce que ceci était, à son époque, la parole des mou’ tazila, car il faut savoir que les mou’tazila NIAIENT l’attribut du yad au sujet de Allah, ce qui n’est pas le cas des Sunnites. Il faut comprendre cette phrase dans son contexte: à l’époque de Abou Hanifah, ceux qui interprétaient les attributs le faisaient parce qu’ils niaient que Dieu avait pour attribut le yad.  Alors que la croyance des musulmans c’est de dire que Allah a pour attribut le yad avec un sens digne de Lui et non pas dans le sens de main. Les Sunnites suivent la voie du juste milieu car ni ils ne disent que c’est une main (qui est le sens apparent de yad), ni ils ne renient que le yad est un attribut de Allah.  C’est pour cela que cette phrase de Abou Hanifah n’est pas du tout contradictoire avec la croyance des Sunnites, car les Sunnites ne disent pas qu’il est une obligation d’interpréter, ils ne disent pas qu’il faut renier l’attribut de Allah, bien au contraire ils disent que celui qui nie un des attributs de Allah tels que al yad alors qu’il sait que ceci est mentionné au sujet de Allah dans le Qour’an il est  devenu mécréant.
  4. L’imam Abou Hanifah à aucun moment de tout le traité ne spécifie un sens précis de yad,et ceci est conforme à l’habitude des savants du Salaf.
  5. L’imam Abou Hanifah a utilisé la même méthode pour istiwa : il dit clairement que ce n’est pas le fait de s’asseoir, ou de s’établir, mais il ne précise pas de sens précis. C’est cela l’interprétation GLOBALE: rejeter les sens indignes de Allah, mais ne pas confirmer de sens précis. C’est exactement ce que fait Abou Hanifah, et ceci était correct, et c’est correct jusqu’à maintenant de dire cela (pour voir là où l’imam Abou Hanifah exclut le sens de « s’établir » pour « istiwa », cliquez ici).
  6. L’imam Abou Hanifah dit, dans le même traité, qu’il ne faut pas traduire yad en persan. Or, le mot persan pour yad veut dire « main ». Donc est-ce que quelqu’un de censé peut croire que Abou Hanifah soutiendrait aujourd’hui des gens qui disent que Dieu a une main? Alors qu’il ne voulait pas que cette expression soit traduite?! Pour voir là où Abou Hanifah dit qu’il ne faut pas traduire le mot yad en persan, cliquez ici. D’autres savants ont parlé du fait que les savants du Salaf étaient tellement prudents qu’ils préféraient ne pas traduire et juste répéter les expressions révélées telles quelles (pour voir ceci, cliquez ici).
  7. L’imam Abou Hanifah dit juste au-dessus de ce passage,  dans le même traité, que Dieu n’est pas un corps et qu’Il n’a pas de limites. Est-ce qu’on peut concevoir qu’il avait pour croyance que Dieu avait une main? Pour voir où Abou Hanifah a dit, dans le même traité, que Dieu n’est pas un corps, cliquez ici. Il dit aussi qu’il ne faut pas prendre le fait d’être « proche » ou « loin » de Dieu dans le sens de la distance. Est-ce qu’on peut concevoir qu’il dirait qu’il faut prendre le mot yad selon son sens apparent? Pour voir où l’imam Abou Hanifah explique qu’être « proche » ou « loin » de Dieu, ce n’est pas selon le sens de la distance, cliquez ici.
  8. L‘imam Abou Hanifah dit, dans le même traité, que Dieu ne parle pas avec des lettres. Or les anthropomorphistes croient que Dieu parle avec des lettres, ceci est même une des bases de leur croyance. Vont-ils maintenant dire que al-Fiqh al-Akbar de Abou Hanifah est un mauvais livre? Pourquoi l’utiliser comme soi-disant preuve contre les Sunnites alors qu’en fait ils ne respectent même pas Abou Hanifah en tant que savant?! Nous les Sunnites nous acceptons tout le traité de l’imam Abou Hanifah, pas juste une partie de phrase sortie de son contexte! Celui qui veut se servir de cette phrase de l’imam Abou Hanifah contre les Sunnites, qu’il nous explique sa position sur le reste du traité, car nous considérons tout le traité comme véridique. Pour voir là où Abou Hanifah dit que Allah a pour attribut la parole qui n’est pas de lettres, cliquez ici.
  9. Les plus grands savants hanafites eux-mêmes, tel que l’imam al-Bayadi,  ont compris de l’imam Abou Hanifah que dans ce passage de al-Fiqh al-Akbar il interprétait de manière globale et pas détaillée, et qu’il n’acceptait pas de prendre le sens apparent des textes non explicites. Pour voir là où l’imam al-Bayadi explique cette phrase de Abou Hanifah, cliquez ici. Vous pouvez aussi lire ce que l’imam at-Tahawi , qui fait partie du Salaf, a écrit. Son traité de croyance, il l’a appelé  » l’exposé de la croyance de Ahlou s-Sounnah wa l-jama’a selon la voie des savants de jurisprudence Abou Hanifah et de ses deux élèves » . Dedans il dit bien que le kalaam de Allah est bilaa kayf, et qu’Il est exempt des limites, des extrémités, des côtés, des membres et des organes, Il n’est pas délimité par les six directions, contrairement à la totalité des créatures”. Pour voir où l’imam at-Tahawi dit dans son traité, qui représente la croyance de Abou Hanifah et de tous les Sunnites, que Allah n’a pas d’organes, cliquez ici.

Preuves tirées des savants musulmans sur le fait qu’interpréter est permis et que le Salaf interprétait de manière globale et parfois détaillée:

Pour résumer:

La réplique à ceux qui veulent utiliser cette phrase de Abou Hanifah contre les Sunnites se trouve dans le traité al-Fiqh al-Akbar lui-même, dans les écrits des savants hanafites, ainsi que dans les oeuvres des plus grands savants  musulmans tels que an-Nawawi, Ibn Hajar al-Asqalani et d’autres.  Dans son traité Abou Hanifah dit que Dieu n’est pas un corps, qu’Il parle sans lettres ni instruments, qu’Il n’est pas concerné par la distance, qu’il ne faut pas traduire yad en persan, et que tous Ses attributs sont sans comment, ce qui montre qu’il ne prend PAS le sens apparent de yad comme le voudraient les anthropomorphistes. Les savants hanafites ont compris cela de leur imam Abou Hanifah. Les plus grands savants de cette communauté ont confirmé que la voie du Salaf était d’interpréter de manière générale et de ne pas prendre le sens apparent des attributs. Que reste-t-il aux anthropomorphistes? Soit ils vont dire que Abou Hanifah était un égaré qui s’est trompé sur la croyance, soit ils vont dire qu’il n’a pas écrit al-Fiqh al-Akbar. Ces deux solutions sont inacceptables par les musulmans sunnites, au vu des preuves. Que Dieu nous accorde la bonne compréhension.

Imam at-Tahawi et son traité de croyance (extraits)

L’imam, l’illustre savant Salafi (cad de l’époque du Salaf) Imam Abou Ja’far Ahmad ibn Salamah at-Tahawi a dit, dans son traité de croyance très célèbre, page 49 de notre édition (mais première page du traité) :

titre TahawiyyaTahawiyya page 49

« La Louange est à Allah, le Seigneur des Mondes. L’illustre savant, Houjjat al-Islam, Abou Ja’far al-Warraaq at-Tahawi, d’Egypte, que Allah lui fasse miséricorde a dit : « Ceci est un exposé de la croyance de Ahlou s-Sounnah wa l-Jamaa’ah [Bayaan aqidat Ahlou s-sounnah wa-l jamaa’ah ] selon la voie des savants de jurisprudence de cette communauté que sont : Abou Hanifah an-Nou’man ibn Thabital-Koufi, Abou Youssouf Ya’qoub ibn Ibrahim al-Ansari et Abou Abdoullah Mouhammad ibn l-Hasan ach-Chaybani, que Allah les agrée tous; ainsi que leurs croyances au sujet des fondements de la religion; et ce sur quoi ils basent leur adoration de Allah.

Il dit aussi, en page 55 de notre édition :

Tahawiyya page 55

« Celui qui attribue à Allah un sens des humains a commis de la mécréance. Alors que celui qui observe cela fasse attention, et en tire les conséquences, et qu’il s’éloigne des paroles des mécréants et de ce qui y ressemble, et il aura su que Allah avec Ses attributs n’est pas tel que les humains. »

Il dit aussi, page 59 (de notre édition):

tahawiyya Page 59

« Celui qui ne se protège pas du fait de nier les attributs [d’un côté], ainsi que du fait de faire ressembler Dieu à ses créatures [de l’autre côté], il aura glissé, et il n’arrivera pas à avoir la croyance en l’exemption de Allah de toute ressemblance avec les créatures [tanzih]. En effet, Notre Seigneur jalla wa ‘ala a pour attributs les attributs de l’Unicité. Il est qualifié des qualificatifs d’Unicité. Aucune des créatures n’a d’attributs semblables aux Siens. Il est exempt des limites, des extrémités, des côtés, des membres et des organes, Il n’est pas délimité par les six directions, contrairement à la totalité des créatures ».

Il dit aussi, en page 81 (de notre édition):

Tahawiyya page 81

« Voilà notre religion, notre croyance, en public comme en privé. Nous nous innocentons en prenant Allah à témoin, de tous ceux qui contredisent ce que nous avons mentionné et présenté ici. Nous demandons à Allah que nous persévérions sur la foi, qu’Il nous accorde de mourir sur elle, et qu’Il nous préserve des différentes passions, des avis dispersés, des voies médiocres comme celle des mouchabbihah, des jahmiyyah, des jabriyyah, des qadariyyah et d’autres parmi ceux qui ont contredit as-Sounnah wa l-Jama’ah et se sont ralliés à l’égarement. Nous sommes innocent d’eux. Ils sont pour nous des égarés, des gens médiocres, et c’est par Allah que sont la préservation et la réussite. »

Points à retenir de cette citation:

  • L’imam at-Tahawi est incontestablement un Salaf, un savant de la période louée par notre Prophète sallallaahou alayhi wa sallam, il est mort en 321, que Allah lui fasse miséricorde.
  • Regardez comme il s’exprime bien : il dit bien qu’attribuer un sens des humains à Dieu est de la mécréance. Si quelqu’un dit une expression en français, comme « les deux mains droites », qui n’a qu’un seul sens en français, et qui est un sens uniquement pour les humains, si il comprend ce qu’il dit, ne rentre-t-il pas dans ce cas cité par ce savant du Salaf? Pourquoi ne pas se contenter de réciter ce qui a été révélé en sachant que cela ne vise pas l’organe? Regardez ce qu’il a dit : c’est le « sens » qui compte. Si ce que la personne dit n’a que des sens des êtres humains, et qu’il l’attribue à Dieu, alors c’est de la mécréance.
  • Les six directions sont le haut, le bas, la droite, la gauche, le devant et le derrière. Il dit clairement que Dieu en est exempt.
  • C’est un savant du Salaf, il est de cette période, le titre original de son traité est « Bayan Aqidat Ahlou s-Sounnah wa l-Jama’ah » cad : Présentation de la croyance de Ahlou s-sounnah wa l-Jama’ah et il fait partie des textes les mieux préservés qui nous sont parvenus du Salaf sur la croyance. L’imam at-Tahawi est très connu spécialement pour son exposition de la croyance des Sunnites. Il ne s’est pas trompé au sujet des attributs de Dieu, au contraire, il est connu pour ce qu’il a dit JUSTEMENT au sujet de la croyance en Dieu!
  • Voici un traité de croyance clair et reconnu depuis des centaines d’ années; écrit par un Salaf authentique. N’est-ce pas qu’il est plus sain de le suivre lui plutôt que d’autres?
  • Il dit clairement, à la fin, qu’il s’innocente de ceux qui contredisent quoi que ce soit de ce qu’il vient d’évoquer. Dont acte.